OTTOKAR VI / Les compagnies

Une Compagnie

S’ils ont joué la carte de la simplicité avec leur nom, "Une Compagnie" n’en est pas moins un théâtre à textes, assez peu développé dans le secteur jeune public où on observe souvent une plus grande exploration au niveau de la forme. Formés aux Arts de la scène et accompagnés d’un grand dramaturge belge, Thierry Hellin et Thierry Lefèvre se laissent la possibilité de créer selon leurs envies et leurs rencontres.
"Une Compagnie", qui êtes-vous ?
T. & T. : Si la liste des compagnons de route est longue, la direction est assurée par un petit noyau composé de nous deux et d’Eric Durnez, grand dramaturge belge, aujourd’hui décédé (en juin 2014). Actuellement, nous sommes aidés par une chargée administrative mais les comédiens, les régisseurs sont engagés au coup par coup.

Où peut-on vous trouver ?
T. & T. : Pendant une quinzaine d’années, nous avons occupé les locaux du TOF Théâtre, installé dans le centre de Genappe. On tourne principalement en Belgique et en France. Mais on ne reste pas cloisonné à un secteur, ni à un lieu.
Quel fut l’élément déclencheur ?
T. & T. : Tout a commencé par un exercice de fin d’étude au Conservatoire de Bruxelles autour du texte L’histoire de l’oie. Les gens autour de nous nous ont conseillés de présenter ce spectacle aux Rencontres Jeune Public de Huy. L’oie entama alors l’aventure par une tournée déterminante en circuit scolaire. A l’époque, on créait pour une tranche d’âge assez peu touchée : les adolescents. Ce fut une véritable découverte pour nous deux. Il y a quelque chose d’extrêmement vivant avec le jeune public, une immédiateté, des ressentis…

Et la suite ?
T. L. : Je fais alors la connaissance d’Eric Durnez, à qui j’ai commandé un texte pour le jeune public. Ce sera Brousailles qui reçoit le coup de cœur de la presse en 1996. Une création symbolique pour nous et qu’on nous demande souvent de rejouer. Dernièrement, Le Voyage intraordinaire recevait encore le prix de la Critique.

Vous avez fait une longue route depuis ?
T. & T. : Vingt ans après, nous avons - heureusement  -  toujours des choses à nous dire ! Nous avons mis sur pied une bonne quinzaine de spectacles avec lesquels nous avons beaucoup tourné. Parfois, jusqu’à 500 représentations, avec Tam notamment. On prend tout en charge : la création théâtrale, les décors, la promo, la mise en scène, les (dé)chargements…  La vie en camionnette, le bricolage… L’esprit de terrain, c’est important pour nous. 

Que faites-vous à côté ?
T. & T. : On travaille tous les deux en tant que comédiens pour d’autres compagnies. En travaillant pour des institutions bruxelloises, on a suivi la trajectoire de nombreux artistes. Cela nous permet de développer des projets personnels.

Comment en arrive-t-on au théâtre ?
T. H. : Ma grand-mère voulait faire du théâtre, elle m’a beaucoup inspiré. Au Collège, je faisais partie de la troupe de théâtre. On y montait deux ou trois pièces par an. À la sortie du secondaire, j’ai fait deux années de médecine. Puis, j’ai arrêté ces études pour m’inscrire au Conservatoire de Bruxelles. Le théâtre, c’est vraiment ce que je voulais faire dans la vie.
T. L. : Moi, je ne savais même pas que cela existait le théâtre ! Puis, un jour, j’ai été embarqué pour jouer dans la rue. Ça me plaisait beaucoup mais je trouvais que cela manquait de travail, d’apprentissage… De fil en aiguille, je me suis inscrit au Conservatoire de Bruxelles, un peu sur le tard, à l’âge de 23 ans.
T. & T. : Le TJP est riche. Les textes d’Eric ne sont pas à proprement parlé jeune public. On y retrouve des éléments de l’univers et des intérêts de l’enfant, mais les personnages joués ne sont jamais des enfants. Un soir, il est arrivé que nous ayons joué devant une salle uniquement composée d’adultes. Personne n’est venu se plaindre que le spectacle était pour les enfants ! Eric, il savait toujours pour qui il écrivait. Le théâtre, le travail d’écriture est une histoire d’amitiés et de rencontres. 

Le TJP, aussi pour les adultes ?
T. & T. : Parfois, un spectacle ne fonctionne pas pour les adultes. Sans doute parce que s’ils ne comprennent pas, ils cherchent en vain à interpréter. À ce moment-là, on comprend pour qui on a fait tout ce travail, c’est-à-dire pour les enfants.  

Pourquoi du TJP à l’école ?
T. & T. : Pour nous, le théâtre est aussi important que toutes les autres matières apprises à l’école. La culture est un miroir de la société, un lieu de ressentis. C’est essentiel que les enfants puissent voir de l’art vivant, savoir que cela existe, qu’on peut sortir de chez soi, en allant au théâtre, et être confrontés à une autre vision des choses. Les enfants vivent le théâtre de manière impulsive. Souvent, en représentation, on réalise qu’il y a des jeunes pour qui l’expérience théâtrale se vit pour la première fois à l’âge de 15 ans. 

Des expériences enrichissantes ?
T. & T. : Parfois, tu vois quelque chose dans le regard d’un adolescent. Tu sens bien qu’il s’est passé un truc, même s’il ne s’est pas exprimé… On essaie toujours de mettre en place un contexte et un accueil propice. Tout est réfléchi et posé pour que ce moment soit agréable, que l’expérience de la salle de théâtre soit bonne et donne envie d’y retourner.

Le bus OTTOKAR VI ?
C’est un peu une parade, une présentation de ce qui se fait en TJP dans le Brabant wallon. C’est un projet intéressant et amusant.

Alors maintenant, voici le portait chinois. Donc, en parlant d’Une Compagnie, si c'était une discipline artistique, ce serait... ?
T. & T. : La littérature, les mots.
Un courant artistique ?
T. & T. : On oscille entre Henri Rousseau et Marcel Duchamp, le peintre naïf et l’artiste précurseur. 
Une personnalité ?
T. & T. : Eric Durnez évidemment.
Un héros de fiction ?
T. & T. : Tarzan
Une chanson ?
T. & T. : On est parti de ville en ville..., une chanson du Cercle des Amis de la Chanson d'Amour de Thierry Lefèvre.
Une qualité ?
T. & T. : On sait prendre le temps.
Une devise ?
T. & T. : "Silence, on creuse. Silence, on aime" d’Eugène Guillevic, un poète français du 20e siècle.

Propos recueillis par Valérie Vanden Hove
Centre culturel de Genappe

Une Compagnie s'est associée aux autres compagnies brabançonnes pour créer le Bus Ottokar, théâtre itinérant.

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