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OTTOKAR VI / Les compagnies

Le TOF Théâtre

En 26 ans, le TOF Théâtre a joué dans autant de pays. Des voyages et de multiples rencontres facilitées par les spectacles que la compagnie conçoit sans paroles. Les personnages de leurs histoires : des marionnettes de la taille d’un pouce ou de Gus et Rosine, les géants de Genappe. Echange avec Alain Moreau, directeur de théâtre depuis l’âge de... 12 ans !

Le TOF Théâtre, c’est quoi ? C’est qui ?
Le TOF est une compagnie de théâtre professionnelle reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Notre mission principale est de s’adresser au jeune public mais je ne peux pas m’empêcher de faire d’autres choses et de proposer aussi des spectacles dans la rue ou encore destinés aux adultes. Mon médium de prédilection est la marionnette contemporaine. Nous sommes cinq personnes à gérer l’administratif, les tournées, le personnel, le matériel, la communication et  la diffusion. Pour ma part, j’assume la direction artistique. Et par saison, durant laquelle nous tournons avec 5 à 6 spectacles, une trentaine de personnes gravitent autour de nous, dont une vingtaine de comédiens.

La marionnette est le personnage principal de vos spectacles. C’est par elle que tout passe ?
À la différence d’un comédien, on peut faire beaucoup plus de choses avec une marionnette. Grâce au décalage et à la distance qu’elle permet on peut aborder beaucoup de sujets de manière plus subtile. Avec elle, on peut rêver à peu près tout ce dont on a envie. 

Comment en vient-on à la marionnette ?
Adolescents, mon frère et moi avions découvert une malle remplie de marionnettes que mon père avait confectionnées. J’adorais bricoler. La miniature m’intéressait. Très vite, je suis devenu le moteur d’une bande de copains avec laquelle on montait des spectacles. Voilà̀ comment je me suis retrouvé directeur de théâtre à l’âge de 12 ans ! C’est mon père qui m’a poussé́ dans cette voie artistique. Et puis, je suis entré au Conservatoire et je suis devenu comédien. Durant mes études, je me suis formé en autodidacte aux techniques de cirque et j’ai été́ engagé dans une compagnie jeune public, Puis, j’ai foulé les planches du National, du Rideau de Bruxelles... Mais les alternances de périodes fastes avec celles de chômage, ce n’était pas pour moi. J’avais envie de développer mon propre univers et créer mon emploi. 

Quelle a été́ la suite de votre parcours ?
En 1987, j’ai créé le TOF théâtre et mon premier spectacle Le Tour du Bloc. D’autres ont vu le jour : Camping sauvage, Cabane... Et, en 1996, trois ans après notre installation à Genappe, nous avons mis sur pied le premier festival "Des pieds et des mains". Ça a cartonné dès la première édition. On accueillait des spectacles extraordinaires et je voulais qu’ils soient vus ! Lors de la deuxième édition 5000 personnes ont débarqué́ à Genappe. Mais, après deux éditions, on a bien dû se résoudre : nous n’avions ni le temps, ni les lieux de représentation appropriés et les moyens pour organiser un festival international à la hauteur de nos aspirations. 

On vous identifie au Monty, l’ancien cinéma de quartier (Genappe) que vous avez réinvesti. C’est chez vous là- bas ?
Oui, nous tenons beaucoup à cet endroit. C’est notre lieu de travail, là où se répètent nos spectacles et où nous les confrontons à notre premier public. C’est un endroit où nous aimons inviter d’autres artistes qu’ils soient issus du milieu de la marionnette ou non et les faire découvrir à notre public. Il y a quelques années nous organisions un vendredi par mois, des soirées « à l’aveugle ». Le public était convié alors qu’il ne savait pas ce qu’il allait voir. La salle était comble ! Il y a un intérêt bien réel à Genappe. Je pense que les gens aiment se sentir accueillis dans un lieu où vit une compagnie et y imprime sa patte... 

C’est important pour vous de prendre part à la vie culturelle et artistique locale ?
Partager une table d’hôte, prendre part à la braderie ou défiler avec une marionnette au carnaval en font aussi partie. Le vivre ensemble, créer du lien, c’est ce qui m’intéresse. Ne perdons pas ce lien précieux et le caractère rural de Genappe qui le permet. Nous voulons un Monty ouvert sur la ville et Il y a plein de belles synergies possibles à Genappe ! Arrêtons de disperser nos énergies. Ce n’est pas la promotion de notre théâtre qui nous pousse. On n’en a pas besoin, on a suffisamment de boulot. Mais c’est ici qu’on vit. On a envie de participer, à notre manière, à la construction de ce vivre ensemble.

Vous êtes souvent en déplacement. Que vous apporte ce mode de vie ?
C’est parfois de très beaux voyages dans des pays lointains où jamais nous aurions eu l’idée d’aller… Il nous est même arrivé de faire la connaissance d’artistes belges à l’autre bout du monde ! Ces voyages multiples sont avant tout des rencontres, une ouverture sur le monde et sur ce qui se fait ailleurs. Nous y avons créé́ parfois des liens très étroits avec certains artistes, avec certains lieux notamment avec le Teatro delle Briciole à Parme, auquel nous sommes devenus "Compagnie associée". C’est à dire que nous y sommes un peu comme chez nous, nous y jouons régulièrement nos spectacles, nous y répétons et y créons certains de nos décors, etc. 

Sur quels projets planchez-vous en ce moment ? Comment émergent-ils ?
Je suis un grand instinctif. Je pars toujours d’une idée, quand je sens qu’elle est juste, je commence à l’échafauder. Je m’entoure toujours de comédiens qui ont une personnalité́ intéressante pour le projet en cours. Un spectacle met six mois à aboutir environ car tout est à inventer et à construire.... En ce moment je prépare A l’Ouest, un spectacle pour adultes que nous avons présenté en avant-première au Québec. En parallèle, nous montons un entre-sort forain Zedteop Pluk. Et, à plus long terme, notre souhait serait de rééditer le Festival "Des pieds et des mains" à l’occasion de notre 30e anniversaire en 2016. 

Alors maintenant, voici le portait chinois.
Donc, en parlant du TOF, si c'était une discipline artistique, ce serait... ?
Le théâtre bien sûr, avec des marionnettes contemporaines.
Un courant artistique ?
Le surréalisme et l’art brut, dont on peut reconnaître des éléments dans nos créations. 
Une personnalité ?
Un artiste complet, Charlie Chaplin, pour sa faculté à faire passer le spectateur du rire aux larmes. Et le vieux photographe Gilbert Garcin qui m’émeut en réalisant ses photos montages "artisanaux" qui racontent beaucoup de choses sur la vie. 
Un héros de fiction ?
Gaston Lagaffe, foutraque, inventif et attachant et aussi pour le souci du détail de son créateur André Franquin. 
Une chanson ? 
Moi, je construis des marionne… ttes ! (rires), de Christophe. 
Une qualité ?
Instinctif, émotif et tendre. 
Un défaut ?
Pas intello. 
Une devise ?
"Nul n’est prophète en son pays" parce qu’en notre belle Fédération Wallonie-Bruxelles nous sommes bien trop modestes et pas assez fiers de ce que nous sommes …Alors que de nombreux artistes de chez nous sont appréciés dans le monde entier ! 
Une confidence ?
Etant donné que nous commençons à sentir, au niveau local, une reconnaissance et une fierté de ce que le TOF apporte à Genappe, la devise citée plus haut pourrait peut-être bien devenir obsolète !

Propos recueillis par Valérie Vanden Hove
Centre culturel de Genappe

Le TOF Théâtre s'est associé aux autres compagnies brabançonnes pour créer le Bus Ottokar, théâtre itinérant.

CONTACT
TOF Théâtre

Le Monty, 58 rue de Charleroi à 1470 Genappe 
Tél. : 067/ 34 14 30