Trouver un architecte communal n’est pas une sinécure pour les communes. Les jeunes diplômés ne s’y pressent pas. La fonction peut pourtant séduire. L’ULB songe à lancer une filière en métier public de l’architecture pour la valoriser davantage.
Le métier d’architecte communal ne fait pas rêver. C’est une évidence. Inutile de commander une étude scientifique à la sortie des facs d’architecture pour se rendre compte que les étudiants n’ambitionnent pas d’embrasser une carrière dans la fonction publique. L’indépendance et la créativité priment. Pas question d’aller s’enfermer dans un bureau pour contrôler les projets de ses collègues. Il faut dire que ce n’est pas vraiment la faute des étudiants : depuis le début de leurs études, on ne fait que leur marteler que le seul débouché imaginable et respectable les emmènera dans un bureau d’architecture. « Il est vrai que l’enseignement que nous proposons ne favorise pas la fonction publique, explique Jean-Louis Genard, doyen de la Faculté d’Architecture de l’ULB (La Cambre-Horta). Le modèle transmis est l’exercice libéral de la profession. Il y a très peu d’étudiants qui se disent qu’ils vont devenir fonctionnaires. Nous devons faire notre mea culpa. Mais nous y réfléchissons sérieusement. D’ailleurs, on songe à créer une filière en métier public de l’architecture. Cela pourrait aider à valoriser davantage ce métier très important. Les écoles d’architecture doivent aussi penser au pluralisme des opportunités de carrière. Même si, il faut l’avouer, le métier n’est pas non plus très valorisé par les communes. Tout n’est pas de notre faute non plus. »
Davantage urbaniste qu’architecte
En fait, les architectes communaux sont apparus dans les années 80 car les architectes en avaient un peu ras la casquette de traiter avec des politiciens qui ne comprenaient pas grand-chose à leur projet, vu l’évolution de la législation en la matière et les difficultés qui en découlent. D’où l’idée d’engager des interlocuteurs qualifiés pour répondre à leur demande, corriger ou soutenir leurs projets devant les collèges communaux. « Je pense qu’il existe autant d’architectes communaux que de communes, explique l’architecte communal de Nivelles, Vincent Magitteri. C’est une fonction qui est difficilement définissable. Nous sommes davantage des urbanistes. Nous assurons l’interface entre les architectes et le collège. L’objectif est de donner à ce dernier les outils pour évaluer au mieux les demandes. On a donc une fonction principale de conseil. »
Reste que, aujourd’hui, être architecte communal est rarement une vocation. L’idée de mettre de côté tout aspect créatif n’est pas effectuée de gaieté de cœur. « Je reconnais qu’il y a une part de frustration, estime Vincent Magitteri. Mais, d’un autre côté, cette fonction m’amène aussi un plaisir différent. Je vois défiler un nombre important de dossiers, ce qui est très enrichissant. On rencontre aussi beaucoup de personnes. Et puis, je suis très heureux quand un dossier aboutit. Nous avons l’impression d’y avoir participé. En résumé, nous sommes des acteurs du développement de notre territoire communal. »
Une fonction à revaloriser
En Brabant wallon, la plupart des communes possèdent aujourd’hui un ou plusieurs architectes communaux. Ils sont aidés dans leur tâche par des conseillers en aménagement du territoire. « Même si ces derniers ne remplacent pas un architecte communal, tempère le fonctionnaire délégué Christian Radelet. Cette fonction mérite en tout cas d’être revalorisée. Ce n’est pas un métier évident car l’architecte est au service du collège. Leur quotidien est donc différent en fonction des communes. Car certains doivent parfois émettre des avis en contradiction avec leurs convictions. Ce qui peut amèner des tensions voire des démissions. »
Comment revaloriser cette fonction ? Plusieurs facteurs entrent en jeu. On l’a compris, un accent doit être mis lors des études, de même qu’une meilleure valorisation du travail par les collèges communaux. De manière à leur donner un pouvoir supérieur, ce qui leur confierait réellement les clés du développement d’une entité.
> Xavier Attout