Pourquoi et comment faire culture ensemble ?
Parce que la culture est un lieu commun. Voyons en quoi.
Définition de la culture (Déclaration de Fribourg) = les valeurs, les croyances, les convictions, les langues, les savoirs et les arts, les traditions, institutions et modes de vie par lesquels une personne ou un groupe exprime son humanité ainsi que les significations qu’il donne à son existence et à son développement.
Dans cette définition, la culture = expression de son humanité > reste une déclaration de droit privé, mais influence la sphère publique, en ce compris le Droit belge. De plus, selon Alain Touraine, sociologue, les anciens modèles de société décrits en termes politique, économique et social, ont fait place à l’émergence d’un nouveau paradigme culturel. Notre société contemporaine (avec son économie globale, l’individualisme triomphant, la mondialisation, la culture de masse, la marchandisation) est en train d’accoucher d’une nouvelle manière d’être ensemble. Chacun de nous s'efforce de se construire comme le sujet de sa propre vie. Ce n'est plus la société qui détermine l'individu, mais l'individu qui devient le centre des dynamiques sociales. Ce nouveau paradigme est culturel et porte sur le sens de la vie commune.
Une tendance généralisée au décloisonnement des territoires, champs et acteurs : face à la complexité de la représentation du monde (qu’est-ce que la ville ? le vivre ensemble ? l’emploi, l’école ? comment transmettre l’héritage ?), il est indispensable de construire une démocratie approfondie, faute de quoi fascisme, machisme, patriarcat... s’insinueront encore davantage dans la société > nécessité de coopérer, de « penser global et agir local ».
Comment faire culture ensemble ? Par la référence aux droits culturels appliqués à la société toute entière tout comme le sont les autres droits humains.
La politique culturelle doit être affirmée comme une politique transversale à l’ensemble des politiques publiques, elle s’adresse au monde entier.
Un examen des politiques publiques culturelles
Fil conducteur pour lire les 4 décrets = droits culturels par/pour et avec les populations, à l’échelle des territoires > rendre la société plus consciente d’elle-même (cfr. Marcel Hicter).
Quels sont les points communs aux 4 décrets ?
- Les filiations communes diversement assumées
- Condorcet : Instruire pour que la démocratie ait des fondements > l’école est le 1er opérateur culturel.
- Les mouvements ouvriers, Jules Destrée, > faire culture ensemble, amener les œuvres à l’école > les bibliothèques sont le 2e opérateur culturel.
- L’animation socioculturelle, Marcel Hicter, Thérèse Mangot > les maisons de jeunes, les centres culturels sont le 3e opérateur.
- Horizon / finalité communs = démocratie culturelle diversement comprise et assumée
- Décret LP > développement des pratiques langagières
- Décret CJ > CRACS, favoriser le développement d'une citoyenneté critique, active, responsable et solidaire
- Décret EP > critique culturelle, sociale et politique pour émanciper
- Décret CC > augmenter la capacité d’analyse, de débat, d’imagination et d’action…
- Démarche / méthode communes = l’éducation permanente
Quelles sont les spécificités & les variations ?
- Logique générale de subsidiarité malgré quelques variations : la plus faible en LP, la plus forte en EP, intermédiaire pour les CC et les CJ.
- Ancrage juridique contrasté : en LP (logique de service public quasi à 100 %), en EP (l’importance de l’associatif quasi à 100%), les CC (initiatives publiques et privées 50/50), CJ (variable).
- Ancrage économique contrasté dans les financements publics communaux, provinciaux, communautaires et régionaux (financement emploi croissant).
- Logique territoriale patente, le plus souvent à l’échelle communale, sauf EP qui est souvent thématique.
Participations croisées
AG et conseil culturel/conseil d’orientation pour les CC, Conseil de développement de la lecture et/ou CA pour la LP, peu pour les CJ et encore plus rare en EP.
Fonctionnalités complémentaires voire substituables
Un CC postule parfois en EP, en LP ou en CJ ; il y a du métissage, du cousinage et des changements de rôles en cours, une levée des frontières entre médiation, création, usages.
Quelques sujets du désir d’action commune
Préalable
La coopération n’a de sens que si elle est actionnaliste et non fonctionnaliste. Il s’agit d’interpréter le monde (lecture critique de la société), de se mobiliser et de le changer ensemble, de se nourrir des vertus et des spécificités respectives des "secteurs".
Quelques pistes potentiellement fédératrices
- Horizon
: dégager le conflit commun, fédérer les luttes culturelles et les luttes pour l’égalité, rechercher des ressources éditoriales, multiplier les « aperçus » de cet horizon. Acteurs : organisations syndicales, EP, associations de plaidoyer…
- Q : Comment aller plus loin avec des moyens réduits ? Cette générosité d’intentions est-elle tenable ?
- R. : Si on extorque l’énergie aux travailleurs, cela crée une tension supplémentaire donc un repli. Il y a donc deux choses à envisager : déplacer son énergie non pas en supprimant du temps mais en l’utilisant différemment au service d’une analyse partagée du territoire et réhabiliter l’impôt et donner du sens à l’économie publique (cesser de dire qu’il n’y a pas d’argent dans des sociétés toujours plus riches). Pour faire un mouvement social et requalifier l’espace de la démocratie par l’expérience collective, il faut une triangulation entre : une identité ouverte aux autres, viser un enjeu de société et affronter le conflit avec l’adversaire.
- Chemin = lire le territoire ensemble : inventaire et analyse de l’exercice généralisé et approfondi des droits culturels des populations (visée commune, démarches communes ou concertées). Acteurs : les CC, la LP, les opérateurs d’alpha, les acteurs éducatifs, les CJ, les associations travaillant sur l’inégalité et la pauvreté...
- Pratique fédératrice : l’analyse partagée d’un territoire, lire la société ensemble, contradictoirement, et construire une interprétation d’enjeux de société. Acteurs : CC, LP, EP, CJ, pouvoirs publics comme interlocuteurs indispensables.
- Méthode : la mobilisation croisée des participations à l’espace public (coopération / concertation / consultation / représentation commune ou concertée : Conseil d’orientation, conseil de jeunes, PCS, PCDN, PCDR, CCAT…
- Découvertes : la mise à jour et la mise en forme créative des savoirs et expériences des travailleurs, usagers et citoyens de diverses fonctions collectives : la santé, les biens communs, l’éducation, l’écosystème, l’intégration sociale...
- Résidences : démarches négociées entre artistes, opérateurs culturels et associations pour explorer et (dé)livrer les significations d’une expérience sociale.
- La recherche d’alliances ou synergies avec d’autres opérateurs culturels : CEC et PAA, PointCulture, AR 21 & 71, Académies, Arts de la Scène, Arts plastiques, Audiovisuel…
- L’École : de la maternelle à l’Université, polarité essentielle et commune d’une politique culturelle et accompagner la lourde tâche éducative.
- L’identification des lieux opportuns pour de potentiels "pôles culturels" : des équipes et des populations en conversation(s), des équipements et des outils mutualisés, des économies d’échelle de gestion, des rencontres multipliées.
Cette intervention de Luc Carton était au programme du 21 octobre 2014,
colloque "La coopération en mouvement",
organisée par la Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (FWB), la Fédération des Maisons de Jeunes en Belgique francophone, la Coordination des organismes d’Éducation permanente et le Centre culturel du Brabant wallon.
Faire culture avec et pour les Brabançons wallons, tel est le leitmotiv
de la réflexion et des actions en faveur de la coopération
sur ce territoire en mutation qu'est notre province.
Le but est de rédiger in fine une charte de coopération entre acteurs culturels.
Cliquer ici pour en savoir plus
Téléchargez le pdf des actes du colloque ou cliquez ici pour les lire en ligne
colloque "La coopération en mouvement",
organisée par la Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (FWB), la Fédération des Maisons de Jeunes en Belgique francophone, la Coordination des organismes d’Éducation permanente et le Centre culturel du Brabant wallon.
Faire culture avec et pour les Brabançons wallons, tel est le leitmotiv
de la réflexion et des actions en faveur de la coopération
sur ce territoire en mutation qu'est notre province.
Le but est de rédiger in fine une charte de coopération entre acteurs culturels.
Cliquer ici pour en savoir plus
Téléchargez le pdf des actes du colloque ou cliquez ici pour les lire en ligne