Les défis de l’architecture en milieu urbain
Dans les prochaines années, l’aménagement de notre territoire devrait évoluer vers une densification de l’habitat. Dans le nouveau tome de la collection ARCHITECTURES, Anne Norman lance neuf pistes en la matière. Une manière de démontrer que ce type de projet est réalisable.
Le douzième tome de la collection ARCHITECTURES sortira le 19 octobre. On vous en dévoile déjà quelques feuilles. L’auteure, Anne Norman, se penche cette fois sur des projets architecturaux présents en milieu urbain et périurbain. Neuf sont passés à la loupe.
Un sujet bien en phase avec son temps : l’étalement urbain étant, ces derniers mois, l’adversaire proclamé de tous les urbanistes et de plus en plus de politiques (même si ce n’est pas gagné sur ce plan).
Dans les faits, l’étalement ne cesse de progresser au fil des ans. D’où l’importance de sensibiliser le grand public à cet enjeu. On connait les conséquences d’une telle politique : une gestion dévorante du sol, des terres agricoles et des espaces naturels menacés ou fragilisés. L’urbanisation s’étend, touchant les zones rurales et les paysages. Avec, sans entrer dans les détails, un coût important pour la collectivité puisqu’il faut financer (routes, impétrants) cette expansion. Bref, il faut repenser la manière d’aménager notre territoire. Un souhait qui s’apparente à une véritable révolution puisqu’il s’agit d’imaginer en quelque sorte le mode de pensée d’une société. Un mot résume rapidement ces besoins : densifier. Avec, bien évidemment, les précautions d’usage, puisque cette densification doit se faire de manière circonstanciée.
> Xavier Attout
Les neuf projets retenus
Collège Saint-François d’Assise à Tubize (Trait Architects) ; Couvent des dominicains à Louvain-la-Neuve (AGDA) ; Place d’Orbais (AAUM) ; Pharmacie à Chaumont-Gistoux (DDGM architectes associés) ; Grand-Place de Nivelles (DDV) ; Maison mitoyenne à Tubize (DDGM Architectes Associés) ; Institut des arts de diffusion à Louvain-la-Neuve (Trait Architects) ; Centre médical et de dialyse à Perwez (AAUM) ; Réhabilitation du site Henricot II à Court-Saint-Étienne (ABR en association avec Altiplan architects scrl);
Une « maison Tetris » à Tubize
Voilà un bel exemple qui démontre qu’il est possible de construire une maison contemporaine en pleine ville. Nous sommes à Tubize, devant une maison implantée le long d’un axe fréquenté, sur une parcelle étroite et profonde avec un mur mitoyen qui n’est pas perpendiculaire à la voirie. Des difficultés qui ont motivé le travail des architectes. « La maison est construite sur le principe de l’imbrication de deux volumes distincts, le premier en enduit reposant sur un second en bois, détaille Anne Norman. L’interaction entre les deux constitue des lignes de forces répondant au rapport formel particulier reliant le terrain à l’axe tracé par la route. » Une toiture à double versant, en retrait par rapport aux murs de façade, complète cette juxtaposition.
Si cette maison semble être volumétrique de l’extérieur, elle propose par contre une grande fluidité ainsi qu’une répartition claire des fonctions à l’intérieur. Le travail sur la lumière et sur les points de vue extérieurs constitue une dimension capitale du projet.
Une pharmacie sans vitrine
À Chaumont-Gistoux, la pharmacie du village permet dorénavant de découvrir une belle réalisation contemporaine. Ce projet s’implante au cœur d’un lotissement résidentiel. « L’objectif était de construire une pharmacie différente des lieux de commerce classiques, une vraie officine, sans les vitrines habituellement utilisées dans ce type de négoce », écrit Anne Norman.
Ce bâtiment est composé de deux volumes (pharmacie au rez, stock et logement à l’étage) séparés par une zone en verre structuré permettant un éclairage naturel mais sans vue directe à l’intérieur. Seuls les deux pignons sont entièrement vitrés et intègrent d’un côté l’entrée de la pharmacie et de l’autre, l’entrée privée et la terrasse couverte.
L’utilisation du bardage en cèdre donne un rythme à l’ensemble. « L’usage du bois sous cette forme génère de beaux effets de lumière », explique Anne Norman. Ajoutons qu’un monolithe en acier corten signale la nature de l’endroit. « Cette architecture, bien que classique dans sa volumétrie, se distingue par la pureté de ses lignes, le travail des pignons et le jeu des axes dominants, notamment les parties en bardage qui semblent coulisser le long du volume central. »
Une école comme repère urbain
Le Collège Saint-François d’Assise a été construit sur un terrain très complexe, sur lequel existaient des maisons mitoyennes en front de rue, et se développe en intérieur d’ilot dans le centre de Tubize. Un bâtiment avec un angle en retrait offrant une belle ouverture sur l’espace urbain a été aménagé.
«Le désir des maitres d’œuvre était de réaliser un édifice à l’architecture simple, apte à exprimer clairement le mode constructif, facilement adaptable et le plus durable possible. Ce parti pris s’accompagne d’un travail très poussé des détails, surtout au niveau des articulations. L’angle constitué par l’édifice a fait l’objet d’une étude délicate pour parvenir à l’équilibre. »
L’architecture de l’ensemble se distingue par une esthétique contemporaine, une rythmique claire tant dans le travail des ouvertures que dans l’articulation des volumes.
« L’école joue pleinement son rôle de repère urbain. Le rythme de la longue façade à rue, avec ses alternances d’ouvertures et de persiennes pouvant se mettre perpendiculairement à la surface, est particulièrement intéressant. »
Ce dossier est extrait du mensuel Espace-Vie d'octobre 2012.