Centre culturel du Brabant... / Les Royales Marionnettes
OTTOKAR VI / Les compagnies

Les Royales Marionnettes

Interview de Didier et Claire Balsaux, de la compagnies des Royales Marionnettes.
Depuis quand votre compagnie existe-t-elle ?
Notre compagnie existe depuis 1941. Elle a été fondée par José Maquet, un Liégeois qui jouait de la marionnette traditionnelle durant la guerre comme moyen de subsistance. Il montait son petit castelet portable dans des abris pour y jouer. Et, après le spectacle, il passait avec son chapeau à la main pour récolter quelques pièces. Après la guerre, il a continué à se produire sur des foires, des brocantes… comme activité complémentaire. C’est-à-dire, comme ça se faisait en région liégeoise. Il n’existait que peu de marionnettistes professionnels. 

Comment avez-vous repris cette compagnie ?Il se fait qu’à l’époque, moi je travaillais au Musée Tchantchès à Liège.
Et j’ai contacté José Maquet pour qu’il m’apprenne à sculpter des marionnettes traditionnelles en bois, parce que j’avais envie de créer ma propre compagnie. Et, lui m’a dit que je n’avais qu’à reprendre sa compagnie parce qu’il se faisait trop vieux. C’est ce que j’ai fait en 1991. Donc, José Maquet a fait ça pendant 50 ans, d’où le "Royales".

Combien de personnes composent la Compagnie ?
On aimerait être quatre. Pour le moment, nous sommes deux. C’est un peu en fonction de la santé financière. Mais on est toujours bien entourés pour créer les spectacles.

Pourquoi avoir émigré de Liège vers le Brabant wallon ?
Pour une question d’ouverture. Liège, c’est vraiment bien pour sortir, faire la fête, etc.,  mais il y a au moins 15 théâtres de marionnettes traditionnelles. Du coup, ça ne permet pas de faire autre chose, le public a certaines attentes.  Et puis, il se fait qu’on a bossé avec Gaspard Leclère des Baladins du Miroir et, du coup, il nous a dit qu’il y avait un entrepôt à vendre… et voilà ! Ce n’était pas une démarche évidente de quitter la province de Liège alors qu’on faisait de la marionnette liégeoise traditionnelle. Mais, en fait, ça ne pose aucun problème. Quand on joue à l’étranger, on est identifié comme les marionnettistes belges qui parlent une drôle de langue et qui ont des marionnettes bizarres en bois. La référence à Liège n’est pas nécessaire.

Quelles sont les caractéristiques artistiques de la compagnie ?
Ce n’est pas évident à définir. En plus, pour le projet qu’on crée dans le cadre d’Ottokar, c’est la première fois qu’on quitte la marionnette à tringle et qu’on va faire de la marionnette-objet. Mais je dirais qu’on reste quand même attachés à quelque chose de traditionnel. Donc pour moi, ça ne veut pas dire quelque chose de vieillot qui sent la naphtaline. À l’époque, quand la marionnette est née à Liège, elle se jouait devant un public populaire, un public d’ouvriers. Et les marionnettistes en profitaient pour parler de l’actualité sociale et syndicale. Donc, c’est quand même une forme engagée auprès d’un Tout public.  Donc nous, c’est aussi dans cette continuité-là qu’on a accentué notre travail en rue. C’est un plaisir de pouvoir jouer dans "l’espace public", parce que ça permet aussi de jouer pour un public qu’on ne retrouve pas spécialement dans les salles de spectacles… et d’aller faire du boniment pour attirer les gens à venir s’installer sur nos bancs, pour voir mon spectacle. Et, même pendant le spectacle, on joue avec le public.
Par rapport à ce qu’on raconte, c’est la même chose. Quand j’écris un spectacle, il y a toujours un certain engagement politique. Donc, même quand on travaille avec des fables, c’est parce que ça nous permet d’illustrer certains propos actuels et engagés. Pour moi, c’est indispensable pour pouvoir dire qu’on fait de la marionnette traditionnelle.

Comment est-ce qu’on pourrait définir les Royales Marionnettes ?
Là, aujourd’hui, j’aurais envie de redéfinir certaines choses, d’explorer de nouvelles pistes… de chercher des pistes qui répondent aux réalités actuelles et politiques. Pourquoi ne pas s’associer à un marché de Noël, pour que les gens puissent voir un spectacle et puis aller boire un verre dans un endroit sympa et rencontrer les gens ? Pourquoi ne pas fabriquer des petites marionnettes en bois, pour que les enfants puissent recréer des histoires après, chez eux ? Parce que ça reste quand même la force de la compagnie, c’est cette énergie de faire quelque chose de populaire qui parle aux gens.

C’est pour ça que cela vous intéresse de participer aux projets de Waterloo, Perwez, Tubize dans le cadre d’Ottokar ?
Ce qui est intéressant, c’est que la démarche des centres culturels qui proposent ce type de projet, ça va un peu dans le même sens. Ils cherchent des solutions. On sent qu’on n’est pas dans un processus élitiste. Et le Théâtre Jeune Public a un peu ces objectifs-là, d’ailleurs. Comme, par exemple, de proposer à tous les enfants d’aller au théâtre.
C’est aussi une envie de travailler sur le local, de travailler tous ensemble. Il y a beaucoup de questions, mais peu de réponses. 
C’est aussi important pour la Compagnie de participer à ce focus théâtre où il y a des évènements.

Quel est l’intérêt pour vous de travailler sur le projet d’Ottokar avec les cinq autres compagnies du Brabant wallon ?
D’une part, on est très excités parce qu’on va créer quelque chose de neuf. On va pouvoir tester des choses qu’on n’a pas encore faites. Et notre forme pourra vraiment se jouer sur un terrain pour lequel elle est prévue, c’est-à-dire dans l’espace public. Et puis, ce projet rassemble plusieurs genres artistiques. Qu’il y ait de la diversité et de la variété, c’est très bien.
D’autre part, ça permet aussi d’obtenir une certaine reconnaissance pour se faire connaitre localement.

Voici le portait chinois.
En parlant de Roultabi Productions, si c'était un jouet, ce serait... ?
Kakafounia, un diable à ressort qui sort de sa boîte. C’était une marionnette liégeoise à double bâton qui grandissait, qui pouvait s’étirer pour aller au-dessus de la tête des enfants.
Un pays ?
Liège. Bon, c’est très liégeois de dire ça, mais bon, la principauté de Liège existait déjà alors que la Belgique n’était même pas un concept. C’est de l’humour que j’aime bien faire.
Une chanson ?
L’Internationale. C’est la luuuutte finaaalllle
Un personnage de fiction ?
J’ai envie de dire Tchantchès, parce que je cherche vers les héros populaire, et c’en est un.


Propos recueillis par Stéfanie Heinrichs,
du Centre  culturel du Brabant wallon

Les Royales Marionnettes se sont associées aux autres compagnies brabançonnes pour créer le Bus Ottokar, théâtre itinérant.

Envie de découvrir le spectacle Crash de là ? Rendez-vous dans l'agenda en un coup d'oeil.

CONTACT
Les Royales Marionnettes
21 rue de long Pré à 1360 Thorembais les Béguines
Tél. : 0479/54 00 16 ou 010/81 48 78