Centre culturel du Brabant... / Roultabi Productions
OTTOKAR VI / Les compagnies

Roultabi Productions

Roultabi Productions, une compagnie qui réunit le comédien Thierry Craeye et son complice, le musicien Christian Gmünder, travaille au cœur des pratiques du cirque.
Roultabi Productions a été fondée en 1991. De là naissent les spectacles : Jim Jack Jokes (1991), Saga (1994), Witloof Cabaret (1996), Sous Pression (2002). Et, plus récemment, La Collection Crayoni (2012) qui est proposée dans le cadre d'OttokarVI. La compagnie travaille au cœur des pratiques du cirque. Elle propose d’entrer dans le monde de la magie et du jeu des clowns.  
Elle évoque l’univers des films du cinéma muet et des dessins animés. L’aventure qui réunit le comédien Thierry Craeye et son complice, le musicien Christian Gmünder, est motivée par le fait de s’amuser et d’amuser le public. Le "spectateur" autrement dit : "celui qui assiste au spectacle et qui y participe aussi", est assis dans un petit gradin, juste au même niveau que la scène, pour que la communication et l’émotion passe bien entre l’acteur et lui.

Thierry Craeye, en solo sur scène dans La Collection Crayoni, et porte parole de la compagnie, aime se dire "technicien de la comédie" parce qu’il est amoureux des techniques de spectacle,  celles du cirque, du cabaret, de la magie, de la danse. "Une certaine émotion peut surgir du geste technique, de la prouesse, de la magie de réussir tel ou tel exploit." Les spectacles sont basés sur des  effets visuels, sur la musique, le comique de situations et non pas sur les dialogues et les textes. Ils se donnent en prise directe et, dès lors, échappent aux catégorisations. "C’est du familial, grand public et pas intello", dit-il, donc volontairement sans limite d’âge.

 Pour Thierry Craeye, le jeu symbolise parfaitement son travail : "Les balles de cirque, les tapis de chute, les accessoires de magie, les instruments de musique, les costumes sont mes jouets. Je suis entouré de jouets et je n’ai jamais cessé de jouer. Même le personnage que j’incarne est un gros jouet. J’ai une armoire remplie de jouets et c’est pour cela que je fais ce métier.Si j’affirme que la technique est au centre de ce que je crée, cela consiste en fait à «  bien jouer avec mon jouet. Et donner aux autres l’envie de jouer aussi. Ça part de là, c’est la base de mon travail. Je trouve que le jeu, c’est très sérieux. C’est par là qu’on parvient, petit à petit, à se définir soi. Or,  le plus important dans la vie, n’est-il pas de savoir qui l’on est ? Au plus tu joues, au plus tu dois être bon avec ton jouet. Le fait de jouer encore mieux te donne accès à d’autres formes de plaisir qui vont alimenter plus de curiosité et ouvrir plus de portes. Tous les jouets s’associent, suscitent des couleurs différentes. Un jouet peut à lui seul produire des mondes, des rythmes, des propositions, des émotions différentes."

Le Théâtre Jeune Public

"Ils font un boulot de malades, les créateurs de spectacles jeunes public. Mais je n’en suis pas. Moi, je fais des spectacles ‘tout public’ qui tournent en jeune public !" Thierry Craeye refuse les étiquettes, surtout les catégorisations et les espèces de sous-entendus qui laisseraient entendre que le Théâtre Jeune Public est infantile. Outre la durée de certains spectacles qui pourrait ne pas convenir aux tout-petits, pour lui, il n’y a pas de limite d’âge pour apprécier un bon spectacle. Et qu’est-ce qu’un bon spectacle ? C’est justement celui qui va amuser tout le monde, lui y compris. "Le travail de tous les gars au sein des compagnies, c’est d’inviter les gens, tous niveaux d’âges confondus, à échanger un moment d’émotions très très très variées. Après, quelle que soit la façon dont ce sera accueilli, ce qui importe c’est le fait de sortir de chez soi, d’échanger à tous les niveaux. Aller au théâtre, ça crée des interférences entre les niveaux sociaux, ça perturbe nos vérités." Définir le genre du Théâtre Jeune Public n’a, selon lui, pas de sens : "Quand je construis un spectacle, il n’y a jamais de cahier des charges. C’est inconcevable, vu mon mode de fonctionnement. Un spectateur est un spectateur quel que soit son âge. Et je ne fais pas de différence.

Thierry Craeye  fait avant tout ce qu’il aime en espérant pouvoir le partager. Et, justement, au moment de la création de La Collection Crayoni, à ce moment-là précis de sa vie de "technicien de la comédie", le moment lui semblait venu de transmettre son travail et son expérience personnelle du monde du spectacle et du cirque. Le spectacle La Collection Crayoni n’a pas été conçu en tant que Théâtre Jeune Public. Un concours de circonstances l’a mené jusqu’au festival de Huy. "Mais je me suis rendu compte que c’était l’occasion de donner l’accès à ce public-là en particulier, à l’expérience de plus de vingt ans dans le spectacle. J’ai supposé que pour ces jeunes c’était comme un monde parallèle, ignoré. J’entrouvrais une porte sur quelque chose qu’ils ne connaissaient pas. Il est vrai que dans une société où tout est considéré en tant que produit, lorsque le spectacle est sur le marché, il doit se vendre. En fonction de l’effet qu’il va produire en vitrine, il sera diffusé dans tel ou tel réseau. Et ces secteurs sont très cloisonnés. Donc, quand un spectacle est étiqueté Jeune Public, il lui est très difficile de passer dans un autre secteur. Mais, moi je n’ai jamais eu l’intention d’orienter sa diffusion, a priori, en le concevant en tant que spectacle Jeune Public."

Les émotions

Il est évident que l’émotion fait partie de tous les projets de spectacles et Thierry Craeye n’est pas d’accord de dire que le spectacle Jeune Public suscite une émotion particulière. Ce qui l’intéresse émotionnellement, c’est de sentir quelle est la part de lui qui communique avec les spectateurs. Il se rappelle de Jim Jak, Jockx qui a aussi beaucoup tourné pour le jeune public. "C’était un spectacle juste absurde qui devait donner du plaisir aux gens. Il était très rythmé et basé sur le comique de situation. Il n’y avait pas de démarche pédagogique si ce n’est l’intention de donner du plaisir. L’émotion à ce moment-là, c’était de rigoler ensemble. Aller au spectacle suscite toute une série d’émotions, parce que c’est l’occasion d’une série de rencontres : avec les gens qui créent les spectacles, avec celui qui est assis à côté de toi, après aussi autour d’un verre. C’est approcher un autre monde, une autre culture, d’autres vérités. Et puis lorsque tu rentres chez soi, tu en parles, tu dis : 'j’ai aimé… j’ai pas aimé'."

La principale difficulté est de faire venir le jeune spectateur au théâtre. Thierry Craeye estime que "très très peu de jeunes" ont vraiment accès au spectacle. Même si l’école les y emmène. Il faut que cette proposition soit bien considérée. Le plus souvent, ces jeunes ne sont pas disponibles à la prestation théâtrale. L’échange est faussé. S’il n’y a pas de réelle préparation, ce n’est qu’un moment de fuite du scolaire. C’est pourquoi l’enseignant a un rôle clé, celui de créer l’étincelle, de montrer qu’il y a l’opportunité d’apprendre à rester en éveil, à être curieux. Le fait de se déplacer vers le théâtre est une démarche importante. Il y a beaucoup de gens qui considèrent encore que ces lieux, les salles de théâtre ou des centres culturels, ne leur sont pas ouverts. Par contre, ils vont en majorité au cinéma alors que le théâtre est bien moins formaté que le film ou la télé. On ne reçoit pas l’acte théâtral comme le film, on doit être conquis par la rencontre avec un acteur. C’est comme dans les contacts réels, la première question qui se pose est "cette personne m’attire-t-elle ounon ?" En fonction de cela, on ouvrira ou pas ses écoutilles.  Aller au théâtre est un acte festif, qui a lieu "après les heures", lors d’un moment où on se prend en charge, où l’on s’offre quelque chose de personnel. 

L’intérêt d’OttokarVI, c’est de produire cet effet, de faire en sorte que les gens se déplacent, d’aider le spectateur à cette démarche, quel que soit son âge. Lui faire savoir qu’il existe des compagnies, des spectacles et des lieux de qualité et très attractifs, qui lui sont accessibles. Il suffit de se déplacer, d’y aller.

La compagnie Roultabi Productions s'est associée aux autres compagnies brabançonnes pour créer le Bus Ottokar, théâtre itinérant.

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Roultabi

13 rue d'Aulne à 1348 Louvain-la-Neuve