« L’argument financier n’est pas une excuse »
Jean-Louis Genard est philosophe et docteur en sociologie. Il est directeur de la Faculté d’architecture « La Cambre-Horta » de l’Université libre de Bruxelles.
> Est-il possible de développer des logements publics qui, au niveau de l’architecture, sortent du lot ?
Quand on regarde l’histoire de l’architecture, on se rend compte que le logement social a été un élément déclencheur en matière de créativité. Les cités-jardins en sont le plus bel exemple. Il s’agissait d’expérimentations plutôt réussies. On découvre dans ce cas-là que le logement social peut être de qualité et avoir un souci esthétique. Dans la période moderniste, de grands ensembles remarquables ont également été construits.
Après, cela dépend du contexte social, économique et politique. L’accent est davantage mis sur l’architecture à certains moments de l’histoire. Depuis les années 1970, nos décideurs ont privilégié l’aspect fonctionnel, car il fallait construire à tout prix. Enfin, il faut aussi noter que les sociétés de logements publics ont été très mal gérées pendant de longues années. Les gestionnaires ne prenaient pas en compte l’architecture.
> Quelles sont les évolutions de ces dernières années ?
Je vois de plus en plus de projets qui sortent de l’ordinaire. Essentiellement à Bruxelles, où on y est plus sensible. L’aspect architectural revient sur le devant de la scène. Mais pour obtenir de la qualité, il faut surtout que les hommes politiques soient suffisamment éclairés sur cette question. Et ce n’est pas toujours le cas.
> La marge de manœuvre de l’architecte est-elle réduite dans ce type de projet ?
Non. Certains architectes sont capables de faire de très beaux projets avec une enveloppe budgétaire réduite. D’autres, par contre, utilisent cet argument financier comme excuse pour proposer des réalisations de mauvaise qualité. Ce n’est pas acceptable.
> X. A.
Extrait du mensuel Espace-Vie paru en avril 2013 et téléchargeable dans son entièreté ici.