OttokarVI

Des comédiens

Maud Lefebvre, Anaïs Pétry, Jérôme Poncin et Laetitia Salsano ont tous étudié le théâtre à l’IAD. Il y ont fait l’apprentissage du jeu pour un public adulte, mais s’adonnent aujourd’hui avec bonheur au théâtre jeune public et font désormais partie du Théâtre des Quatre mains, à Beauvechain.
Les jeunes comédiens considèrent que, du point de vue du jeu, leur métier de comédien reste le même, qu'ils s’adressent à un public d'adultes ou au jeune public. Pour eux, c’est plutôt le propos et l’endroit à partir duquel ils regardent le monde qui varient. Quand ils créent pour des enfants, ils tentent de retrouver la richesse et le regard particulier que les enfants portent sur le monde. C’est donc le moment de la création qui exige un travail de longue haleine et de multiples adaptations.


Le public

Le métier et l’apprentissage du jeu, c’est la même chose, mais c’est plutôt l’endroit à partir duquel on regarde le monde. Si on joue pour des adultes, on va avoir nos yeux d’adultes. Si on se dit qu’on va jouer pour un jeune public, on essaye de retrouver ce regard d’enfant sur le même monde. Ce n’est pas se mettre plus bas, à la hauteur des enfants, mais c’est au contraire essayer de retrouver cette richesse et ce regard particulier qu’ils ont sur le monde.
Maud

En tant que comédien, jouer, que ce soit pour des enfants ou des adultes, le travail d’interprétation est le même. En représentation, on a peut-être un public moins poli que celui d’adultes. Si un public d’adultes s’ennuie, il va s’endormir, mais ne pas faire de bruit. Les enfants, ce sera différent.
Jérôme

C’est un public qui te demande de rester toujours alerte. Tu dois être présent ici, maintenant, dans ton histoire. Ce que tu fais avec tes partenaires. Et tu dois aussi toujours être en contact avec les enfants. Tu dois toujours rester à l’écoute de ce qui se passe dans la salle.
Anaïs

On joue beaucoup de représentations scolaires. Les enfants n’ont pas vraiment choisi de venir. Quand on joue pour des adultes, en général, même s’ils sont venus avec un ami, ou avec la famille, ou avec leur abonnement, ils ont quand même une démarche de spectateurs actifs. Les pauvres élèves, qu’ils veulent ou qu’ils ne veulent pas, sont traînés. Parfois quand on joue pour les tout petits, on est face à des élèves qui n’ont pas envie d’être au théâtre, qui n’ont pas envie d’être dans cette salle, qui ont peur.
Maud

D’où l’importance aussi de veiller à ce que chaque enfant ait une place privilégiée. Que quand il arrive au spectacle, qu’il soit bien accueilli et soit dans les meilleures conditions possibles pour apprécier. C’est peut-être la première fois qu’il va au théâtre, cet enfant. Ou il a peut-être eu une mauvaise expérience avec le théâtre, cet enfant… Il faut vraiment faire très attention à ça, veiller à ce que l’enfant soit dans de très bonnes conditions, pour que pour qu’il se sente bien. L’accueil est très très important dans le théâtre jeune public.
Jérôme

La question de l’accueil est spécifique à la Compagnie dans laquelle on travaille, aux quatre mains. On crée le spectacle, mais il y a toujours un moment où on réfléchit à comment on va accueillir les enfants. Aussi parce qu’on a travaillé souvent pour les tout petits, où le public n’a jamais été au spectacle. Donc on est vraiment vigilant à cela, au contact avec eux. À les prendre presqu’en individuel. On prend le temps de les installer pour qu’ils soient à l’aise avec nous. Ce sont des bêtes choses qui font que l’enfant va se sentir bien avec nous, dans l’histoire.
Laetitia

Le théâtre à l'école ou l'école au théâtre ?

Les deux démarches sont complémentaires. C’est gai d’avoir un spectacle qui vient dans son école, dans sa classe, de se retrouver en tout petit comité, et d’avoir du théâtre de proximité qui touche à l’intime, tandis que c’est chouette aussi d’aller dans un lieu culturel, qui n’est pas chez nous. Ce serait dommage de revenir tout à fait à un théâtre qui ne serait plus que à l’école. Depuis les années 80 ont est arrivé à faire venir les écoles au théâtre, et maintenant on retourne dans l’autre sens. Ce qui est chouette aussi, mais il faudrait pouvoir garder les deux démarches.

Maud