"Le groupe sans nom" en résidence au Foyer populaire-Espace d'inventions

En juin 2013, le Foyer populaire/Espace d’inventions accueille en résidence Le groupe sans nom. Pendant près d’un mois, ce collectif va travailler sur sa nouvelle création : Ici-Partout-Ailleurs - Comment faire est la question des enfants perdus. 


Ici-Partout-Ailleurs

Au départ d’une parole populaire, d’archives et de traces sonores et imagées, Ici-Partout-Ailleurs aborde l’insurrection populaire du sud tunisien et ses racines dans la petite ville minière de Redeyef. Violemment réprimée, les artistes considèrent cette insurrection comme l’événement fondateur de ce qui a été nommé « le printemps arabe ».

L’ici et l’ailleurs
« Ce qui est le plus proche n’est pas forcément ce qui est le plus clair, Ici m’aveugle, Ailleurs me rend voyant. »
Ou l’impasse d’une pensée duelle et de la beauté des écarts.

L’ « ici » et l’ « ailleurs » sont souvent présentés dans leur opposition duelle : monde occidental et monde arabe, Nord et Sud, démocraties et dictatures … lieux communs à l’intérieur de cadres de pensées séparatrices. L’œuvre sonore se crée ailleurs et ici, dans l’aller et le retour, l’allée et venue, se creusant dans l’écart de ce qui rassemble et sépare ici et ailleurs : mettre à l’écoute le chemin, le trajet parcouru, sans cesse à reparcourir, dans les échos, les entrelacs, la puissance des paroles vives.

Ici-Partout-Ailleurs est une oeuvre scénique entre expérimentation sonore et action théâtrale mêlant image fixe ou animée, musique contemporaine, jeux de lumière et corps théâtralisés.

Le groupe sans nom

Emmené par Sarah Antoine et Céline Rallet, Le groupe sans nom est à géométrie variable, l’équipe nomade rassemble en son entièreté acteurs bruxellois, acteurs tunisiens, 1 scénographe, 1 compositeur, 2 metteuses en scène, un poète, 1 créatrice lumière… Porteuses de projet, créatrices sonores et actrices : Sarah Antoine et Céline Rallet

Qui est le groupe sans nom ?

1
Nous sommes de ceux qui désirent être bougés
Nous ne pouvons pas dire oui à tout,
Non
Nous ne pouvons pas dire non à tout,
Non
Nous sommes de ceux qui désirent parier

2
Nous sommes de ceux qui ne croient nullement en la chimère contemporaine « liberté d’expression »
La seule chose que nous pratiquons et affirmons est l’égalité de tous dans un processus de pensée sur le présent.

Qui que nous soyons,
(- toute identité préfabriquée est chez nous, peuple, proscrite -),
acteurs, metteurs en scène, gens de partout, créateurs son, pères et mères de famille, créateur lumière, musiciens, scénographes, compositeurs, intérimaires au black pour un gagne-pain nécessaire, mères de famille, anciens révolutionnaires, costumiers, homme de ménage générique, professionnels de la survie et du trafic de papiers administratifs, nouveaux gens qui pensent, auteurs sans œuvre.


3
Nous manquons d’universelles affirmations sur un possible,

Le groupe Sans Nom, janvier 2012

Ici-Partout-Ailleurs sous la plume du groupe sans nom

Le projet de recherche relève du désir d’inventer une forme artistique, qui à la lisière entre l’expérimentation sonore et l’action théâtrale, aimerait révéler des processus subjectifs insoupçonnés quant au présent contemporain d’une insurrection populaire toujours en cours,
celle du sud tunisien.
Ce désir se nourrit de séjours répétés dans le sud tunisien, et plus particulièrement à Redeyef, où entre janvier et juin 2008 eut lieu un soulèvement d’une ampleur inédite par sa persévérance et dont nous pensons que là commence réellement la « révolution tunisienne ». Nous voulons travailler à la « résonance » de l’histoire contemporaine, et davantage, chercher à donner corps artistiquement au « surgissement de l’Histoire ». (…)
L’objectif est de créer une forme qui puisse rendre compte de la puissance universelle de cet événement en combinant plusieurs arts mais sous la domination du son (…)

À l’heure d’une individualisation outrancière des projets de vie et de la désignation des cultures en catégories séparées (culture occidentale, culture musulmane...), nous désirons faire entendre l’universalité d’enjeux collectifs hors de tout référent séparateur : Faire résonner le soulèvement tunisien dans ce qu’il a d’universel consiste pour nous à affirmer qu’entre Ailleurs et Ici, ne réside nul lien séparateur, mais une communauté d’exigences sociales émancipatrices.

À l’heure où comme en Tunisie, la jeunesse est souvent dévaluée dans la qualité de ses aspirations, nous souhaiterions faire entendre sa vitalité. Nous savons que le soulèvement tunisien a ressuscité des espoirs, y compris ici en Belgique. Nous souhaitons mettre en valeur la force de ce jaillissement.