À l’origine, Jean-Luc Millot est musicien. Batteur, précisément. Il fait aussi partie la Boîte à Clous, un collectif d’artistes, actifs dans le théâtre de marionnettes, le théâtre de rue, la musique, la vidéo et les ateliers pour enfants. Il réalise également, en direct et sur scène, le décor sonore de spectacles tels que Mange tes ronces, du théâtre d’ombres qui sera présenté pendant Ottokar, ou le ciné-concert Mémé Jeannette, qui a tourné pendant un an avec les Jeunesses musicales. Le matériel utilisé pour ces spectacles est le même. Ce sont des matériaux récupérés, des objets détournés, qui produisent des sons qui peuvent prendre une couleur totalement inattendue et éloignée de leur source.
C’est toujours une aventure de créer la musique et les ambiances sonores, mais jouer en direct en suivant une histoire, un récit, est très stimulant et ludique. Doser le déchainement d’une tempête de vent ou d’une colère en termes de volume sonore ou de cris est un travail d’orfèvre. L’intensité doit être contrôlée de bout en bout pour éviter toute violence et rester dans la lignée du récit et ne pas effrayer les enfants. Ainsi que pour une scène de tendresse ou certaines balises de longueur ne doivent pas être dépassées de crainte de désintéresser le jeune public. En fait le contrôle doit être permanent. Nous rebondissons bien sûr sur certaines émotions. C’est même là qu’est le jeu : Ne pas égarer les enfants dans le récit et leur tracer un chemin de narrations qu’ils sont libres de suivre pour se laisser porter par les sensations suscitées.
Intriguer par des sons à base d’objets de tous les jours et des instruments qui sont à la portée des enfants, éveille en eux des envies d’imiter et d’eux même créer leurs propres histoires. Il suffit de les voir après le spectacle se réunir autour du parc d’instruments et d’écouter leurs questions, de voir leur surprise en voyant de près avec quoi j’illustre certaines images de Mange tes ronces. Quant aux parents, ils sont ravis de voir qu’avec deux bouts de carton, des instruments de récupération, on peut faire n’importe quoi et que le théâtre d’ombres est à leur portée.
Vu mon parcours, je pense que mon arrivée aujourd’hui dans le théâtre jeune public est assez "farfelu", mais tellement logique. Je viens de la musique de groupe où le but était d’accompagner un discours. Cela s’assimilait à illustrer avec mon instrument de l’époque, la batterie, des textes poétiques et engagés de chansons française. Par la suite en ayant voulu faire de la musique pour des images je pensais d’abord aux bandes sons de documentaires ou de fictions, voire de films. Ma rencontre avec "La boîte à clous" m’a projeté dans l’immédiat, dans le direct, le live et je me suis retrouvé et reconnu dans leur univers bricolé et brut.
Caroline Dunski